La saison 2022 du brame dans l'Oise

Brame, mais où
sont les biches ?

Comment expliquer une telle différence d'une année sur l'autre ?

Dans cette vaste plaine sur laquelle de nombreuses biches des alentours se retrouvent très
régulièrement la nuit pour accéder à une alimentation plus savoureuse qu'en forêt, il n'est
pas rare de voir en effet des regroupements de 60, 80, 100 voir beaucoup plus d'animaux.

Attirés par la présence de ces femelles en nombre important, les plus gros mâles de la région
convergent ainsi chaque année vers ce secteur pour le brame. Et cette plaine en particulier en
devient un des endroits stratégiques.
Elle est communément le lieu de la lutte de pouvoir de deux majestueux cerfs depuis plusieurs
saisons, un magnifique 16 cors et un vigoureux 12 cors aux bois splendides et à l'envergure
impressionnante.
Au paroxysme de cette période, il est même très courant de pouvoir observer ces grands
maîtres de place entourés de leur harem pendant la journée.

C'est l'information glanée auprès d'un photographe bien au fait du bilan de la saison de chasse
passée qui va mettre en lumière ce triste constat.
Il m'apprend que 80 biches ont été abattues dont de nombreuses meneuses sur le secteur
décimant et désorganisant des hardes entières. Je sais qu'une population de cervidés
exceptionnellement importante prospère dans cette partie du massif forestier mais cette
surreprésentation des femelles dans le plan de chasse semble largement disproportionnée.

Je ne connais pas bien entendu les tenants et les aboutissants de la politique de régulation sur
ce secteur, qui a provoqué sciemment j'imagine une dégringolade drastique des effectifs de
biches, mais j'espère que ceux qui l'on décidé avaient des motifs sérieux.
Et que ce n'est pas comme on le voit souvent dans les grandes propriétés de chasse privées
uniquement dans le but d'assouvir la soif de trophés de ses clients.
Je n'emploie volontairement pas le mot de chasseur ici car la plupart de ceux qui tiennent les
fusils dans ces domaines n'ont bien souvent rien à voir avec le vrai chasseur.
Celui qui connait les terres sur lesquelles il chasse, qui connait les animaux et sait plus
qu'un autre ce que représente une vie et le fait de la prendre.
Pour ces nantis capables de se payer des séances de ball-trap sur animaux vivants, la chasse
reste un loisir récréatif et un vestige putride des privilèges de leur classe sociale
déconnectée du réel.

Dans tous les cas, cette hécatombe de femelles aura eu des conséquences terriblement
concrètes et très visibles sur la dynamique du brame de cette année.
J'espère que les conséquences avec une nouvelle saison de chasse qui débute ne seront
pas délétères pour ces animaux qui demeurent l'âme de la forêt.

Sous la pression de l'homme, de ses activités, de sa soif de toujours plus, de sa déconnection
du vivant, des réseaux sociaux qui attirent et transforment n'importe quel évènement en foire
touristique, des jours de chasse qui se succèdent de manière anormale dans la semaine pour
faire plaisir à tout le monde (un jour la chasse au chevreuil, un jour la battue au sanglier,
un jour la chasse à courre au cerf), les cerfs ne brament plus dans de nombreux secteurs de
nos forêts où il était courant de les entendre.

Cet endroit va t-il à son tour connaître le même sort ?